Se faire prendre par de fins subtils technos...

Installation

Auteur : Steinar Bragi
Éditions Métailié, N O I R, Paris


Roman noir, fiction entre New York et l'Islande

Les femmes et les hommes, le Pouvoir absolu... consenti ?

Une « suite d'événements organisés »


Montréal, le 26 mars 2011


Quelqu'un s'empare de votre vie... peu à peu, et vous, que faire ?
Installation, c'est l'histoire horrible d'une Islandaise ayant émigré aux États-Unis avec son père et qui au cours de ses études rencontre l'amour de sa vie, un Islandais émigré comme elle, étudiant comme elle. Enceinte, voilà que contrairement à lui, elle ne se voit pas passer de la pratique des arts à celle des couches et de l'alimentation pour bébé. Mais qui prend mari prend pays, même dans un tel cas et les suites de la confiance sont plus à craindre que celles de la défiance, aurait dit le suédois Axel Oxenstiern il y a trois siècles et demi. Elle part donc avec lui mais quelque chose les ramène par la suite à New York où au bout de cinq années ensemble, il lui annonce encore une fois qu'il n'en peut plus et qu'il veut repartir au pays. De nouveau, elle le suit mais à distance cette fois puisqu'il veut aussi une pause. Mais alors que lui a sa famille là-bas, elle n'a personne, ne connaît personne, n'y a pas de famille ou d'ami(es) à elle. Ayant déballé son chagrin lors d'une soirée arrosée, elle accepte l'offre d'appartement d'un type pourtant fort recommandable, semble-t-il.

Sauf que....
« tout était faux — tout ce qui lui avait été dit » (p. 58). Alors quoi ? Que penser ? Comment réagir... ? Tout particulièrement quand on a une énorme peine d'amour, qu'on ne sait plus, qu'on est complètement perdue, et que dans cet appartement trop grand, trop minimaliste et trop blanc on se fait envahir par une voisine qui a des airs d'ancienne madame, de maquerelle à la retraite... dans cette haute tour trop techno où tout peut se contrôler à distance, par « eux ».


Les femmes et les hommes, le Pouvoir absolu... « anihilant »
Ce roman noir porte sur les relations entre les femmes et les hommes, sur le consentement sourd, l'assourdissement du non-consentement, le pouvoir dirigé et absolu dont on use et on abuse sans frein possible.

Une « suite d'événements organisés » (p. 76, Femmes)
Dans ce pays du nord de l'Europe connu pour son ouverture d'esprit à l'égard des femmes, pour son bottin téléphonique original par ordre de prénoms et pour les couples qui ne se marient pas toujours mais qui toujours reconnaissent leurs enfants, voilà qu'un auteur cherche à renverser la vapeur et montrer une face cachée d'un geyser que personne ne voudrait connaître. Une horrible histoire de psychopathes se déroulant au-dessus de ses paysages déjà irréels. Qu'un luxueux appartement tout en haut d'une tour richarde en bord de mer serait le théâtre de haute technologie trop métallique pour être humaine, trop effacée pour ne pas être déguisée, trop aliénée pour ne pas être anihilante.

Un roman pas facile qui pousse vers la discussion
Ce livre pourrait vraiment faire l'objet d'échanges passionnants dans le cadre d'un club de lecture adulte ou de discussions animées pour un groupe d'amis; les femmes et les hommes pouvant se mesurer et s'opposer incommensurablement les uns aux autres en ce qui a trait à leur perception individuelle et groupale des actes posés tout autant que par rapport aux impressions que laisseront les réflexions et les comportements abusifs des personnages décrits.

Entre la femme et l'homme, entre la résignation et le pouvoir
Surtout que ce psycho-polar nord-européen se glisse éperdument jusqu'au bout de fantasmes odieux, des histoires de femmes et d'hommes... écrites par un homme. Une histoire de guerre lasse où la personne qui subit l'accablant chemin mortifère est une femme qui n'en avait pas eu, au préalable, la vision révélatrice.


L'AUTEUR
Steinar Bragi est né en 1975. Il a étudié la littérature comparée et la philosophie à l'Université d'Islande et a publié un grand nombre de poèmes et de romans dont Installation qui est le premier à être traduit en France.


EXTRAITS

« s'était immiscé dans leurs rapports quelque chose d'embarrassant et de flou. » (p. 18, La morte)

« Et ils sous-entendent ainsi les quatre-vingt-dix-neuf pour cent qui servent le un pour cent, mais secouent parfois leurs chaînes, par jeu. » (p. 58, Ici prend fin la fuite)

« Quel malentendu. Indomptable, éternelle et imbécile arrogance de la virilité. » (p. 67, La porte coupe-feu rouge)

« Rannveig se mit à parler du complexe d'infériorité des femmes au sujet de tout ce que les hommes disaient d'elles et comment ce complexe d'infériorité les écrasait dans leurs lieux de travail. » (p. 88, Se faire le visage)

« elle suggéra que la famille était de la mafia, des criminels, ou du moins sans moralité — tout comme le gouvernement. » (p. 91, Se faire le visage)

« Les gens ne portent pas leur vie intérieure sur eux. » (p. 94, Se faire le visage)

« elle ne pouvait pas se défaire de cette idée : qu'elle était la participante inconsciente d'une sorte de film d'horreur, et que des spectateurs invisibles étaient assis dans l'obscurité » (p. 71, Marie et Grace)

Éditions métailié, Paris

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